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L’Ukraine et la tension sino-américaine au programme de la Conférence de Munich sur la sécurité

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La conférence de Munich entame ce 17 février sa 59e édition. Les responsables politiques de près de 150 pays se retrouvent en Allemagne pour trois journées d’échanges et de débats sur le thème de la sécurité mondiale. Au menu cette année, l’Ukraine et les relations sino-américaines.

Trente chefs d’État et de gouvernement, une centaine de ministres du monde entier, la conférence de Munich reste un rendez-vous majeur qui aura cette année pour têtes d’affiche la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, le patron de l’Otan pour encore quelques mois, Jens Stoltenberg, Emmanuel Macron ou encore Olaf Scholz, le chancelier allemand.

En 2022, ce forum s’était tenu à partir du 18 février, quelques jours seulement avant l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes. Un an plus tard, les participants devraient renouveler leur engagement en faveur du gouvernement ukrainien et faire le bilan de l’aide militaire et financière fournie à Kiev depuis le déclenchement des hostilités.

Les munitions en question

Les munitions sont devenues la priorité et le problème des alliés. « Il s’agit d’une guerre d’usure et d’une bataille logistique », insiste le secrétaire général de l’Otan.

Car en moyenne, depuis le début de l’invasion, l’armée russe a tiré plus de 20 000 obus par jour et les canons ukrainiens en ont consommé près de 5 000, et il ne s’agit que d’une moyenne. Problème, l’Ukraine a utilisé plus de munitions que l’Alliance ne peut produire. « Cela épuise nos stocks et met nos industries sous pression », assure Jens Soltenberg.

Dans l’urgence, les États-Unis ont porté leur capacité de production d’obus d’artillerie de 155 mm à 90 000 par mois, mais cela ne permet de couvrir que partiellement les besoins ukrainiens. Quant à la France, elle ne produit que quelques dizaines de milliers d’obus de 155 par an et son industrie peine à accélérer.

Même chose pour les munitions « complexes », comme les roquettes des Himars. Alors, loin devant la fourniture d’avions ou de chars, le calendrier pour la fourniture de munitions est devenu le véritable enjeu, car Kiev craint de manquer d’obus.

Aujourd’hui, on voit bien qu’avec une guerre de haute intensité, nous avons besoin de disposer de volumes suffisants pour pouvoir soutenir, finalement, un conflit dans la durée. La première piste, bien sûr, est financière. Cela est déjà acté puisque nous avons une très forte augmentation des moyens financiers qui sont alloués pour, justement, la fabrication de missiles, de cartouches, enfin de tout ce dont on a besoin. Bien sûr, on ne fabrique pas ces équipements en quelques semaines, cela demande quelques mois d’où, en effet, en Ukraine, un problème à la fois dans l’utilisation d’équipements militaires et puis, bien sûr, les munitions dont ils ont besoin pour que les Ukrainiens puissent se défendre au mieux. D’où le délai aujourd’hui et la grande frustration exprimée par le président Zelensky dans toutes les rencontres qu’il peut avoir avec les dirigeants européens sur le sujet. Je ne doute pas qu’il refasse les mêmes demandes à nouveau ici à Munich demain ou après-demain.

L’importance des rencontres en coulisses

En tant que tel, ce colloque n’a aucun de poids politique, mais plusieurs rencontres diplomatiques devraient se jouer en coulisses. Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, sera de la partie, ainsi que Wang Yi, son homologue chinois.

Les représentants de la Défense des deux pays ne se sont pas parlés depuis qu’un ballon chinois a été abattu par l’armée américaine il y a deux semaines, mais les canaux diplomatiques ne sont pas rompus entre les États-Unis et la Chine, relate Stéphane Lagarde, notre correspondant à Pékin. « Nous recherchons la concurrence, pas le conflit (…) Nous ne voulons pas d’une nouvelle guerre froide avec la Chine », a assuré jeudi Joe Biden dans une courte allocution. « J’espère, dit-il, pouvoir parler avec le président Xi et aller au fond de cette affaire ». Un changement de ton, noté par la presse d’État en Chine. « Les États-Unis sont montés à « 10 000 mètres d’altitude », ils cherchent maintenant un « atterrissage en douceur », estime l’éditorialiste du Global Times.

La première et la deuxième puissance mondiale doivent à tout prix éviter un conflit. C’était en tout cas l’esprit de Bali en novembre dernier. Le sommet entre les présidents chinois et américain en marge du G20 devant conduire à une visite d’Antony Blinken à Pékin au début du mois, visite annulée avec l’affaire du ballon. Cette dernière va-t-elle se dégonfler à Munich, via une rencontre entre le secrétaire d’État américain et Wang Yi, le directeur du bureau des Affaires étrangères du comité central du parti communiste ?

La saga des ballons a contribué à alimenter la fibre nationaliste et le sentiment anti-américain sur les réseaux sociaux chinois qui, eux aussi, voient des ballons partout. Ce 16 février encore, le signalement par des internautes d’un objet volant non identifié « qui s’est avéré être un ballon », relève le Quotidien du peuple sur son compte Weibo, a perturbé le trafic de l’aéroport de la capitale provinciale du Hebei au sud-ouest de la capitale chinoise.

Les dirigeants allemands opposés sur les questions de politique étrangère

Le chancelier Olaf Scholz et sa ministre des Affaires étrangères, l’écologiste Annalena Baerbock, représenteront entre autre l’Allemagne lors de la Conférence de Munich. Leur présence sera, une fois de plus, l’occasion de mettre en exergue les différences qui opposent les dirigeants sur les questions de politique étrangère, rappelle notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut.
« Je serais bien venue déguisée en léopard, mais j’ai eu un peu peur que la chancellerie ne m’autorise pas à faire le voyage », l’allusion d’Annalena Baerbock au carnaval d’Aix-la-Chapelle aux chars de combat allemands Léopard 2 tant attendus en Ukraine n’était pas qu’un trait d’humour.

La ministre écologiste des Affaires étrangères est souvent sur des positions différentes, plus résolues que le chancelier Scholz. C’est le cas pour l’aide militaire à l’Ukraine. Les verts allemands plaident depuis des mois pour un soutien plus franc alors que la chancellerie a temporisé. Cette dernière a peu apprécié qu’Annalena Baerbock annonce sur une chaîne française le mois dernier que Berlin accorderait à d’autres pays le demandant l’autorisation de livrer des chars Léopard 2 à Kiev. Olaf Scholz a recadré sa ministre qui avait parlé de l’Allemand en guerre contre la Russie.

Les deux dirigeants s’opposent aussi sur la relation avec la Chine. Annelena Baerbock, sur une ligne plus dure, avait critiqué la visite de Scholz à Pékin à l’automne.

La « stratégie de défense nationale » du gouvernement est dans l’impasse faute d’accord entre chancellerie et Affaires étrangères. Elle devait être présentée à la conférence de Munich. Elle est reportée sine die. La porte-parole du chancelier, interrogée sur la relation Schlolz/Baerbock, a répondu récemment : « dois-je parler d’amour ? Non ».


RFI / MCP, via
ttop10buzz.com

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