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Manœuvres en Mer de Chine, exercices conjoints de Washington et Séoul : les exercices militaires se multiplient-ils depuis la guerre en Ukraine ?

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Les Philippines et les États-Unis lancent les plus grandes manœuvres militaires conjointes de leur histoire », « Les marines de plusieurs dizaines de pays participent aux exercices militaires Komodo », « La Finlande accueille son plus grand exercice militaire terrestre » (depuis son adhésion à l’OTAN en avril).

Voilà ce que donne très rapidement une brève recherche dans les dépêches des agences de presse. Les annonces de ce genre se multiplient ces derniers mois. La guerre en Ukraine amènerait-elle les armées du monde à s’entraîner plus intensivement ? Yannick Quéau, directeur du GRIP, le Groupe de recherche sur la paix et la sécurité, répond à nos questions.

Y a-t-il plus d’exercices militaires et sont-ils de plus grande ampleur depuis la guerre en Ukraine ?

« C’est difficile à mesurer mais je n’ai pas l’impression qu’il y ait une augmentation de ce genre d’exercices. Il y en a tout le temps. Des patrouilles de l’OTAN, que ce soit dans l’Arctique, en mer Baltique ou en mer du Nord, il y en a tout le temps. Des exercices en mer de Chine que ce soit de la Chine ou d’États alliés des États-Unis, il y en a tout le temps.

C’est une démonstration de force, de capacité, de coordination, et quand plusieurs armées y participent, c’est aussi la démonstration qu’on est proche avec les alliés, qu’on est prêt à les soutenir. Tout ça est vrai, mais ce n’est pas plus vrai maintenant qu’avant. »

On communique peut-être davantage à leurs propos ?

« Oui, il y a une plus grande attention de la part des agences de presse à ces sujets, et par ailleurs une plus grande attention de ceux qui réalisent ces exercices militaires à communiquer à leur propos.

D’une part, on montre qu’on continue de faire ce qu’on avait prévu, comme on l’avait prévu et qu’on ne se laisse pas intimider par un autre pays. D’autre part, on communique un peu différemment pour éviter de mauvaises interprétations. On précise : ‘N’ayez pas peur, ce ne sont que des exercices militaires programmés depuis longtemps et ça ne présage pas d’une agression.’ Et enfin, c’est aussi une manière pour les appareils de Défense de dire que l’armée est prête mais que, dans un contexte de tensions, elle a besoin de soutien, de financement etc.

Donc, il y a une instrumentalisation des exercices à différents degrés, mais il ne me semble pas qu’il y en ait plus. Au contraire, parce que la guerre a tendance à cristalliser beaucoup d’effectifs ailleurs. Si vraiment vous êtes dans une situation tendue, ce n’est pas le moment d’aller mener un exercice avec des collègues puisque vous allez avoir besoin de vos forces ou vous estimez que vous en aurez besoin très prochainement. »

En Mer de Chine, avec les tensions autour de Taiwan, la situation est-elle différente ? Il y a aussi beaucoup d’exercices militaires dans cette région.

« Là, il y a effectivement eu une ampleur d’exercices qui était très élevée. C’était lié à la position américaine, avec la visite de Nancy Pelosi à Taiwan. La Chine a adressé une mise en garde aux États-Unis sur sa position par rapport à Taiwan. C’était aussi lié à un contexte particulier en Chine, avec le congrès du Parti communiste, il fallait donner des gages à la ligne dure chez les militaires. Donc la Chine a montré les muscles de manière un peu plus forte que d’habitude mais, au sortir de ces exercices, il n’y a pas grand-chose de neuf. »

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